Un Web Summit bouillonnant

News
stephane.maguet

Le web Summit 2014 qui se tenait du 4 au 6 novembre dernier à Dublin était annoncé comme le SXSW européen, la grand-messe de l’innovation : « Where the tech world meet ». Entre les conférences menées par d’incroyables speakers internationaux, les stands, les workshops, les pitchs et les stands de start-ups qui changeaient d’un jour à l’autre en synchronisation avec les conférences et les événements… la profusion donnait le vertige ; de mémoire d’homme, on a jamais vu autant de start-ups rassemblées dans un même espace-temps sur un salon – plus de 1000 !

wide-mainstage

J’ai bien sûr profité de l’occasion pour assister aux conférences et faire un tour sur les stands, et voici ce que j’en ai retenu :

Les conférences

Le Programme complet des conférences du Web summit 2014 était regroupé en territoires : Entreprise, Marketing, Machine, Builder, Fooding, Sports, Cinéma, Musique, tandis que la scène centrale était réservée aux stars des nouvelles économies et aux superstars comme Bono de U2, venu parler du cinéma et de la musique au 21eme siècle, ou encore Eva Longoria, ambassadrice et productrice de films sur la Fair Food.

MOE TANABIAN - MAKER APPROACH TO PRODUCT INNOVATION

Ma conférence la plus mémorable, car elle proposait une vision et une méthode assez claires : comment de petites équipes mixtes (software, design, UX, electronics) avec des méthodes issues des makers et du prototypage rapide arrivent à des sprints surprenants dans le domaine de l’Internet des objets.

Une conférence surprenante sur l’avenir commercial des drones par le CEO d’Airware qui propose une solution industrielle ainsi qu’une plateforme pour déployer légalement et à grande échelle des flottes de drones dans le ciel pour des usages commerciaux. Même s’ils ont l’air de maîtriser l’aspect juridique du sujet, on se demande sur quels territoires ils peuvent déployer aujourd’hui.

C’est toujours parfait d’entendre le fondateur de l’agence de design Ammunition. Cette agence de San Francisco conçoit les objets technologiques pour Beats, Adobe, Polaroid, Square, etc… Leurs projets sont de vrais bijoux de conception et d’exécution. Et menés selon un processus exemplaire de collaboration étroite entre design et technologie.

Le summit « Machine » a consacré une série d’interventions au futur de l’automobile, avec notamment Andreas Reich, Head of Audi’s Electronic Predevelopment, qui a présenté l’historique des technologies d’assistance depuis 2004 en distinguant l’aide à la conduite des self driving cars. Confiant dans la technologie et la nécessaire évolution des infrastructures routières (smart cities), il a confirmé que les voitures autonomes seront d’abord opérationnelles sur les autoroutes avant les villes où le contexte est plus compliqué.

A sa suite, Chris Gerdes de l’université de Standford nous interrogeait : « les voitures automatiques doivent-elles conduire comme des robots ou comme des humains ? » Il a expliqué ses expériences sur circuits avec des pilotes expérimentés : le scientifique « enregistre leur conduite » pour étudier comment améliorer les comportements des Intelligences Artificielles conductrices. Il organise également des courses entre pilote et IA pour isoler les divergences. Et pour la conduite autonome il a reformulés les trois lois de la Robotique d’Isaac Asimov par rapport à la hiérarchie d’évitement des obstacles dans les situations critiques. Ca va assez loin.

Enfin, Brad Templeton de Google nous a expliqué comment les voitures autonomes seront une révolution encore plus importante que celle d’internet. Dans ce paradigme de la voiture autonome et connectée, l’angélisme est de mise et peu de voix critiques se font entendre. Aucun risque de dépendance, de vie privée, de hacking…

Enfin, j’ai conclu ma tournée par un worshop très intéressant sur les intelligences artificielles vues comme l’avenir du social média, tant pour seconder ou augmenter les community managers des marques que pour proposer à tout un chacun d’avoir son compagnon social media (Her). Une réflexion particulièrement pertinente sur l’utilisation de la data social avec l’apprentissage et les moteurs de dialogue.

photo
Les stands

Le Web Summit c’est aussi des kilomètres de stands où l’on peut à peu près tout voir. L’Internet des Objets ou IOT (Internet Of Things) était omniprésent dans les conférences, sur les stands des grands acteurs (Cisco, Intel) et dans les offres des Startups. Une tendance de fond qui se confirme à la veille de la maturité du Marché, mais on sent que le marché est à la fois plein de promesses, il pourrait paradoxalement souffrir de la surenchère du tout connecté : à date, beaucoup d’objets trouvent difficilement leur usage dans le temps.

Première surprise que cette société qui utilise le graphène, un matériau révolutionnaire. Celui-ci permet entre autres d’imprimer des circuits électroniques sur des tissus mais également de faire des batteries souples intégrées dans un sac ou un manteau et capables de recharger votre smartphone 4 à 5 fois.

Vor-inkVorbech  - Batterie souple en graphène intégrée à une bandoulière de sac

Vorbech – Batterie souple en graphène intégrée à une bandoulière de sac

 

Il y a 6 mois nous avions vu passer le FLIIKE de la startup Smiirl, un compteur physique connecté au likes des utilisateurs d’une page Facebook. Ici c’est un concurrent semble-t-il dans le monde des compteurs physiques connectés aux réseaux sociaux. Flapit propose un seul compteur pour 11 réseaux sociaux, les plus importants et dans pas mal de langues. Le produit qui sort dans quelques mois devrait être vendu 250 euros.

L’univers de l’automobile n’a, là non plus, pas été oublié. Outre les conférences dédiées qui repensent la voiture connectée à l’ère de la conduite autonome, on pouvait voir pas mal de start-ups qui assignent le business de la voiture. On sait maintenant que la voiture sera connectée, ce n’est qu’une histoire de « renouvellement du parc ». Tandis qu’avec Hudways, la réalité augmentée pour la voiture accroit la sécurité des conducteurs dans des situations de faible visibilité, Drust quant à elle, propose une prise à connecter simplement sur le port OBD de votre voiture et grâce à une application mobile d’optimiser la consommation et faire des diagnostics jusqu’à la prise de rendez vous chez un garagiste de confiance. L’innovation ne vient pourtant pas d’un constructeur mais d’une startup française, Automosys, qui propose un service  dans le même sens et donne plus d’autonomie et de contrôle au conducteur sur sa voiture. Notons aussi TracknStop, qui propose de piloter votre voiture à distance pour dissuader les voleurs.

En matière de 3D, nous avons surtout été bluffé par deux sociétés : Pollen AM une startup française qui prépare une imprimante 3D avec de très belles promesses en terme de richesse des matières disponibles, de précision et de coûts. L’autre impression remarquable est celle de la nourriture avec une imprimante qui devrait sortir à la vente d’ici quelques mois, la foodini de NaturalMachines.

Et pour finir en beauté quelques objets qu’on aurait bien aimé testé plus longtemps :

Le OneWheel, un Skate électrique à une roue qu’on n’a malheureusement pas pu essayer !

K37A4853-cp-1000px

 

L’enceinte transparente de la startup People product

IMG_5284

 

Le Chop.e parce qu’un chopper-electrique c’est quand même un peu WTF

IMG_5273
Le Brewbot, une smart brasserie personnelle.

IMG_5267
La lampe Blaze LaserLight à fixer sur un vélo pour signaler sa présence

IMG_5344

Littlebits est un kit de capteurs et de composants électroniques & logiciels pour les makers, les artistes et les designers qui veulent réaliser des projets autour de l’Internet des Objets. Car comme dit sa fondatrice Ayah Bdeir : « The next million dollar idea isn’t going to come from Apple. It is going to come from designers, artists, entrepreneurs, and every day people« . Une vision éminemment sociale et collaborative.