Festival Resonate 16, le grand mix !

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C’est en plein coeur de Belgrade, dans la cinémathèque Kinoteka et l’université Kolarac, que prend place le festival, créatif et digital, Resonate. Ce rassemblement mondial amène sur scène les acteurs du milieu tech, art, et culture qu’ils soient artistes, producteurs, curateurs, ingénieurs, ou juste génies illuminés. Peu de publicitaires, mais raison de plus. Au menu, conférences bien sûr, mais aussi projections, concerts expérimentaux, et workshops de grande qualité. Un bol d’air créatif que We Are Social ne voulait pas manquer.

Parmi les moments marquants, il y a Kaitlyn Aurelia Smith qui a interprété son nouvel album “Ears”. Particularité, Kaitlyn utilise un synthétiseur rare qu’elle manipule à la perfection. La performance était mise en image par un film maison mêlant lumières et matières organiques. 31 minutes de voyage sonore cosmique, l’expérience ne laisse pas de marbre.



Dans la musique toujours, mais dans une approche bien différente : Pierre Bastien et ses sculptures sonores. S’inspirant de Trimpin ou de Céleste Boursier Mougenot, ce savant fou musical nous délivre un live subtilement exquis. Tel un mécanicien, il créé des routines musicales que sa main créatrice vient perturber pour donner vie à des mélodies improbables.



Une idée forte aussi c’est celle de la nécessité de collaborer, partager, faire à plusieurs et croiser les territoires. Aujourd’hui, la division des mondes est forte, la tendance est à l’expertise plutôt que la généralisation. Marsika De Groot insiste sur la nécessité de créer des ponts entre les mondes, de rapprocher sciences et art qui, ne sont finalement pas si éloignés. Plus nous collaborerons en joignant des univers différents, plus nous créerons de nouveaux espaces créatifs. C’est une pensée également partagée par Alec Empire, qui insiste pour décentraliser la création pour arriver à continuer d’être créatif. Il faut multiplier les lieux, et les personnes pour augmenter les chances d’obtenir des choses différentes.

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Il insiste sur le fait aussi de devoir interroger l’audience sur la réalité, en tant qu’artiste son devoir est de proposer au public une autre façon de ressentir le monde, la sienne. Si elle dérange c’est qu’elle à réussi à créer une nouvelle route, le pari est gagné. Daniel Miller acquiesce en soulignant qu’aujourd’hui, “offend somebody is the biggest crime !“. C’est une chose qui en tant que communicant doit nous faire réfléchir, aujourd’hui dérangeons-nous notre audience, ou la séduisons-nous ?

Dans cette ligne, repenser les territoires pour découvrir des nouvelles zones fertiles à la création c’est le thème du film très réussi Nine Future de Nataniel Businski & Theo Cook projeté mercredi matin.

On retiendra aussi la part belle donnée aux workshops, démonstration de la volonté de mettre le partage de connaissance au centre de l’événement. Au menu à la carte nous avons, projection mapping, textiles connectés, hacking de synthétiseur, machine learning, shaders et WebGL, datavisualisation… Animés par des pointures, ces ateliers d’une journée pour une quinzaine de personnes, sont parfaits pour découvrir ou se perfectionner.

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Voila par exemple un extrait de ce que donne une journée de code avec les fondateurs de la librairie three.js (optimisé pour chrome) >  mrdoob.github.io/resonate-2016/tool/index-particles.html

Ce qu’on retiendra, c’est que l’artiste est avant tout celui qui voit la poésie qui est sous les yeux de tous. C’est celui qui a la capacité de s’émerveiller devant un détail que personne n’aura remarqué. Il est également important de répéter que la modernité ne dépend pas toujours de la technologie. L’innovation ne vient pas toujours de l’outil en lui même, mais plutôt de l’utilisation que l’on en fait. C’est pour ça que dans nos métiers, une proposition innovante ne sera pas forcément techno-centrique, la disruption peut venir du design d’interaction, de l’expérience utilisateur, du traitement graphique, du hack de la plateforme,…

La création vient de la passion que l’on a à faire ce que l’on fait. Au début, il n’y à ni argent, ni reconnaissance, juste un temps illimité pour dépenser son énergie et ses convictions. C’est comme ça que tout commence, et le jeu pour durer c’est de garder cet esprit le plus longtemps. Il fut un temps ou Golan levin affirmait : « media artists are the unpaid R&D of Ad agencies ». A cette époque de nouvelles collaborations, il est peut être temps d’inverser le processus.