Internet, sauveur du petit écran ?
Il y a quelques années, les chaînes télé criaient au loup : Internet allait les mettre en péril, les pirates s’en donnaient à cœur joie et leur cœur de métier serait amené a disparaitre.
Hors, il faut savoir que les statistiques d’audience pour la télévision sont restées stables depuis 2001 avec une moyenne de 25 heures devant le petit écran par semaine pour nos voisins britanniques, et une légère tendance à la hausse, comme l’indique la BBC dans un article récent. Le comportement des Français quant au petit écran est similaire puisqu’en 2009 nos compatriotes consommaient 3h28 de télé quotidiennement, soit un peu plus de 24 heures par semaine. Ce qui a changé ce sont surtout les habitudes des audiences télévisuelles.
Une récente étude de Nielsen sur les pratiques des spectateurs américains pendant la cérémonie des Jeux Olympiques de Vancouver a ainsi montré que 13% des spectacteurs surfaient sur le web en même temps qu’ils regardaient le programme télé. Lors du Super Bowl, une étude avait d’ailleurs donné des résultats similaires.
Aujourd’hui, contre toutes attentes, il semblerait donc qu’Internet, utilisé de manière stratégique pourrait bien devenir le sauveur des audiences télé. En effet, Internet et les différentes plateformes de réseaux sociaux, que ce soit Twitter ou surtout Facebook, agissent de la façon suivante :
1. Comme une caisse de résonance. Si tous vos amis parlent d’un programme, la probabilité que vous allumiez votre télé et que vous vous branchiez sur ce programme semble être plus importante. Ainsi, selon Alan Wurtzel, Head of Research chez NBC Universal :
Les spectateurs veulent avoir quelque chose à partager. L’effet des conversations en ligne est notable, en particulier pour tous les programmes majeurs et de manière générale pour la télévision dans son ensemble
Ce dernier de préciser que les recherches menées par NBC ont également démontré que les spectateurs qui avaient suivi les JO à la fois sur leur poste et en ligne étaient ceux qui avaient regardé le plus leur petit écran.
2. Comme extension des programmes. Il y a bien longtemps que les programmes télé se sont lancés sur le web et il est désormais courant d’aller voir sur la page officielle de son programme préféré pour trouver plus d’informations, jouer à un jeu de simulation ou laisser un message au sujet du dernier épisode. Et cette extension passe maintenant également par les réseaux sociaux. En Angleterre, la chaîne ITV propose ainsi au début de son programme Dancing on Ice (une compétition de patinage entre stars du petit écran) de discuter des éliminations en direct via Twitter. De même, durant les JO, la chaîne NBC avait mis en place un outil dénommé « Soyez le juge » qui laissait aux spectateurs la possibilité de noter les patineurs artistiques durant leur prestation aux JO et de comparer ses notes aux scores donnés par les autres spectateurs. Cette chaîne avait également mis en place un outil qui permettait de traquer les opinions Twitter pendant les Jeux.
3. Comme audience différée. Les différentes chaînes ont mis en place des outils de visionnage différé ou de rattrapage des programmes TV. Le player M6 aurait ainsi reçu 8 millions de spectateurs lors de la Nouvelle Star 2009 juste pour le mois de février alors que le player de la BBC a reçu 120 millions de demandes en janvier 2010.
4. Comme créateur d’image. Les différentes chaînes se posent désormais comme véritables marques et souhaitent développer leur identité. A noter par exemple, la jolie initiative de France 2 qui a fait gagner une visite des coulisses à trois de ses « Twitter Followers » (notamment, hasard du jeu, notre propre Sandrine). La chaîne lance aussi des mini-concours, toujours sur Twitter, et propose ainsi aux téléspectateurs de venir rencontrer les invités des émissions. Une véritable valeur ajoutée pour les fans du petit écran et une excellente façon de développer des ambassadeurs.
Au lieu d’opposer le petit écran à Internet, il est donc judicieux de regarder la façon dont ils peuvent fonctionner ensemble, notamment dans le cadre d’une stratégie globale où les médias sociaux et la télé peuvent se complémenter.