Google I/O 2016 : en route vers le futur ?
Bienvenue à Shoreline Amphitheater, Mountain View, California ! Pour la première fois We Are Social était présent pour assister à la grande conférence annuelle de Google : I/O.
Plutôt dédiée aux développeurs, elle présente les produits, avancées et tendances à venir. Une sorte de road map pour l’année 2016 / 2017.
Durant 3 jours et sous un magnifique ☀️ Californien, nous avons pu assister à des conférences, mais aussi à des projets expérimentaux et des workshops. On a pu croiser des développeurs, des artistes, des fans boys, des musiciens, des fans de voiture, des confrères, des journalistes. Le tout dans une ambiance se rapprochant d’un Coachella 2.0 (même si nous ne sommes jamais allés à Coachella).
Badge ✔️ Cardboard ✔️ Lunettes de Soleil ✔️ Carnet We Are Social ✔️
Près de 10 jours après la fin de l’événement, on a pris le temps de se poser et d’essayer de savoir quel futur nous réservait Google.
Pour y répondre, nous avons pris le temps de digérer les conférences de Sundar Pichai – CEO de Google – et de sa dream team pour sortir 3 grandes thématiques :
1. Améliorer l’expérience utilisateur
2. Proposer des réalités alternatives grand public
3. Mixer physique et technologie
1. Améliorer l’expérience utilisateur
Dans cette thématique, nous allons voir 2 points complètement différents. Mais les 2 illustrent la volonté de Google de toujours améliorer notre façon de consommer la vie et le web.
Le premier concerne le machine learning :
2 mois après la victoire d’AlphaGo au jeu de Go, démontrant la force de son programme de Deep Learning, Google a présenté la suite de ses avancées concernant ses algorithmes d’apprentissage.
A force d’apprendre, de se nourrir, et encore apprendre (via les apps qu’on utilise au quotidien), l’intelligence artificielle de Google est d’une puissance sans limite. Et Google le rend bien à ses applications : reconnaissance de portraits (96% de succès), traduction avec Google Translate, trajets dans maps, réponses intelligentes dans Inbox, création de films dans Google Photos, reconnaissance vocale dans Google Now…
«Il est temps de franchir une nouvelle étape et d’accompagner davantage nos utilisateurs» Sundar Pichai, CEO.
Tous ces progrès ont poussé Google à faire évoluer Google Now en Google Assistant pour transformer ce qui était un simple jeu de questions / réponses en vrai dialogue. La marque d’Alphabet se lance ainsi dans la hype du Bot et du « personal assistant » premium.
Google Assistant sera donc plus humain par rapport à Google Now mais surtout ne sera pas limité aux mobiles. Aujourd’hui plus de la moitié des recherches sur Google se font sur mobile, 20 % de ces requêtes se font via la voix. Le but sur le long terme est d’intégrer cet assistant dans les objets connectés.
Il n’en fallait pas plus pour annoncer le premier assistant dédié à la maison : Google Home. Cette petite enceinte, ressemblant techniquement à Amazon Echo, permettra (d’ici la fin de l’année) de streamer de la musique, lire la météo, faire de la recherche vocale et contrôler sa domotique (avec Nest bien sûr).
Google Assistant promet donc de nous rendre la vie plus facile. Mais l’IA n’est pas le seul moyen pour Google de nous proposer de meilleures experiences.
Ce qui nous amène au deuxième point : le search mobile et la rapidité de consulter des pages sont au coeur des préoccupations de la marque d’Alphabet.
A une époque où 40% des gens abandonnent si un site met plus de 3 secondes à charger la vitesse de chargement est devenue la « killer feature » de l’internet mobile.
Les ingénieurs de Google et ceux de l’industrie ont développé des solutions open-source permettant aux publishers de proposer des contenus encore plus adaptés à l’experience mobile :
- Mobile Rich Cards
Propose des extraits de contenus, carrousels d’images ou autres formats en fonction du type de contenu recherché.
- Real-Time Indexing
Indexation automatique du contenu récent pour proposer de façon instantané du contenu chaud. Plus besoin d’attendre que le robot google passe.
- Accelerated Mobile Pages (AMP) & Progressive Web Apps
Cette technologie permet d’afficher rapidement du contenu optimisé sur mobile : 4x plus rapide et consommant 10x moins de data (https://www.ampproject.org/). Ces solutions vont ainsi permettre d’avoir des rendus quasi similaires à des apps natives. Le Washington Post est déjà en beta test > https://www.washingtonpost.com/pwa/ (à ouvrir sur mobile).
Vous connaissez également tous cette situation où vous pensez avoir Internet : vous êtes full patate avec vos 4 barres 4g ou Wifi et impossible d’ouvrir une page. Chez Google ils appellent ça le Lie-Fi (à pas confondre avec le lifi). Les « Progessive Web Apps » permettront également de vous afficher du contenu même avec du réseau de mauvaise qualité.
“They are a better way to enable a website to work more like a native installed app” Aaron Gustafson.
Toujours dans cette logique d’offrir des experiences plus fluides, Google a également développé Android Instant Apps.
Postulat : il y a plein d’applications que vous n’utiliserez qu’une fois, pour un besoin spécifique.
Réponse : proposer une version lite de l’application qui se charge comme un site sans besoin de l’installer. Malin et seamless pour le consommateur.
Cette feature sera disponible sur la prochaine version d’Android, appelée N pour l’instant.
2.Proposer des réalités alternatives grand public
L’histoire du cardboard est belle, l’objet est amusant … mais pour de courtes sessions. Ceux qui ont essayé de la VR dédiée (Oculus, HTC Vive) ont vu ce qu’était de la vraie VR et ne peuvent plus revenir en arrière.
Google passe donc à la vitesse supérieure en créant une plate-forme commune pour les différents acteurs de la réalité virtuelle : Daydream.
Côté matériel, un casque façon Samsung Gear VR devrait sortir dans les mois à venir. « Plus confortable, richement interactif et bien plus immersif » selon Clay Bavor, vice-président de la réalité virtuelle de Google.
Ce casque permettra de réduire la latence au maximum entre le moment où l’on effectue un mouvement et l’instant où celui-ci est reproduit à l’écran (« motion-to-photon latency »). On passe ainsi de 80ms (Cardboard) à 20ms (seuil optimal).
Niveau design rien n’a été dévoilée à part un croquis. Côté logiciel, Google proposera une interface « Daydream home« , équivalent de l’Oculus VR du le Samsung Gear VR.
YouTube, Street View, the Google Play Store, Play Movies, Google Photos, The New York Times, HBO, Netflix, Ubisoft et Electronic Arts bossent déjà dessus. Le moteur de jeu vidéo Unreal propose déjà un plugin pour exporter sur Daydream (cela arrive cet été pour Unity).
Daydream a résolu un autre problème lié à la VR, celle du gameplay. Samsung propose un trackpad là où Google a développé un controller. Mix entre une wii mote et un télécommande Apple.
Good move de la part de Google car cela permettra de proposer des experiences plus abouties (100 prototypes auraient été designés).
Daydream a de grandes chances de devenir le leader de la VR grand public et d’être à l’Oculus ce que les tablettes sont aux PCs.
Google reste aussi très impliqué dans la production de films 360 avec son app Google Spotlight Stories qui vient d’être mise à jour (le film Pearl est à « vivre » d’urgence).
« Idea Technology enables Art. Art challenges Technology » Jessica Brillhart.
Dans l’innovation toujours, il y a le Project Tango, technologie du programme Google’s Advanced Technology and Projects (ATAP).
En utilisant une tablette ou un smartphone équipé d’une depth-sensing camera (caméra gérant la profondeur et l’espace pour mesurer des distances), Tango permet de faire ressentir aux devices ce que l’être humain ressent, en leur donnant le même niveau de perception de leur environnement que nous, grâce à 3 types de sensors :
– Motion tracking
– Depth perception (mesurer les distances)
– Area learning (reconnaître des endroits)
La démo produit était assez bluffante. Même si cela n’a pas été présenté avec Daydream, le rapprochement interviendra, c’est certain. Ce mix serait un vrai « game changer » car cela façonnerait l’expérience virtuelle pour l’adapter à l’intérieur de votre maison.
3. Mixer physique et digital
Le meilleur pour la fin avec les pirates de Google ATAP.
Dan Kaufman, patron du programme, a présenté les progrès réalisés en un 1 an sur 3 projets faisant le pont entre le monde physique et nos vies connectés. Lors de l’I/O 2015, il avaient présenté le programme comme « a small band of pirates trying to do epic shit ». Sur ce qu’on a vu c’est le cas. Attention ça claque.
Project Jacquard
Le « Projet Jacquard », du nom de l’inventeur français d’un célèbre métier à tisser, consiste à tisser des « textiles interactifs » en mêlant des fils conducteurs aux matériaux habituels des vêtements, et ce sur l’intégralité de l’habit ou seulement sur une partie.
Google et Levi’s ont signé une première grande et belle collaboration pour aboutir à une veste connectée rendant possible l’intégration d’interactivité à travers le toucher et les gestes dans du textile, à échelle industrielle.
Pour ce faire, la firme a utilisé le bras robotique KUKA, afin de frotter le tissu encore et encore. Après 10 heures et plus de 12 000 frottements, le tissu reconnaît 95% des gestes du robot. La veste sera bien sûr lavable. Levi’s souhaite, entre autres, que cette veste diminue le nombre d’accidents à vélos dont un certain nombre seraient dus à l’utilisation de smartphones.
Project Soli
On enchaine avec Soli, puce capable de reconnaître les mouvements, la vitesse et la distance des mains et des doigts qui passent à sa portée. Voici une démo impressionnante de son utilisation avec une montre :
Project Ara
Fantasmé depuis que des prototypes avaient rugi sur lnternet, le téléphone modulaire est bien réel. Ou du moins le sera en 2017, date de sortie du téléphone Ara.
Vous pourrez ainsi changer de caméras, mettre une batterie plus grosse, mettre un projecteur, rajouter un tracker de mouvements, hauts-parleurs … Sans parler de toutes les améliorations cosmétiques qu’un téléphone modulaire permet.
On retiendra donc qu’on pourra avoir un téléphone qui correspond à nos besoins à l’instant T.
Ç’est passionnant, fascinant. Ara fait le premier grand pas vers la prochaine génération de smartphones. Avant Apple. Bim.
Dave Hakkens, le designer qui a lancé le mouvement Phonebloks, à l’origine du Projet ARA, pense que Google aurait du aller plus loin et permettre de pouvoir changer le processeur, la ram, l’écran, … Ça parait néanmoins compliqué pour Google de permettre de modifier ces modules car les interactions software / hardware compliqueraient sérieusement la tâche aux développeurs. Ces derniers devant déjà optimiser les OS, les apps, les sites avec déjà beaucoup de configurations.
Voilà pour les 3 grosses tendances que nous avons pu ressentir et ressortir.
Le futur est donc là… mais il est accessible et évolue tranquillement. Le film Her reste encore de l’anticipation… pour combien de temps encore ?
En revanche si vous souhaitiez entendre parler de Google Cars, de fusées, il faudra se tourner vers une autre marque du groupe Alphabet : X, son laboratoire d’innovations.
Revenons rapidement sur le lancement des deux nouvelles apps de messagerie : Allo & Duo. Tout a déjà été dit : Allo est un messenger / « What’s App like » avec plein de super features dedans et Duo, un « Facetime like » avec la possibilité, avant de décrocher, de pouvoir visualiser le flux vidéo. Mais est-ce suffisant ? Revenir dans le game des messageries n’est il pas trop compliqué ? What’s App et Messenger génèrent 60 Milliards de messages par jour. Messenger revendique 900 millions d’utilisateurs actifs.
« It’s really liberating to start from scratch sometimes, » Erik Kay, director of engineering
Google, qui avoue à demi mot l’échec d’Hangouts, n’aurait-il pas du proposer un autre genre de messagerie ? Quelque chose de totalement différent ? Ou re-partir sur une app simple qui ne répondrait qu’à un seul besoin : chatter, seul ou à plusieurs sans toute une surcouche de features mais qui fonctionnerait en edge et en tout circonstance ? Voire concurrencer un autre acteur de la messagerie mais orientée pro : Slack ?
Si vous êtes arrivé jusqu’ici, c’est que vous êtes un passionné. Impossible alors de vous quitter sans vous montrer quelques installations :
IOIO Plotter
Un traceur de dessin interactif utilisant Android
Project Loon
Internet pour tous (qui fait partie du laboratoire X de Google)
Un mix de choses à écouter, ressentir, tester :
Installs, conférences, workshops, big up à tous ces speakers passionnés et passionnants… qui sont également de grands communicants comme le démontre le Speechless I/O : 1 speaker, 1 theme imposé, slides aléatoires.
Vivement l’an prochain ! 🙂