Les réalités se rencontrent au VR Arles Festival
Partie intégrante désormais des célèbres Rencontres de la Photographie, le VR Arles Festival s’est institutionnalisé et étoffé pour cette seconde édition. We Are Social était présent lors de la semaine d’ouverture pour découvrir ce qui se fait de mieux en matière de création artistique en réalité virtuelle. Retour sur cet événement unique en France et riche en enseignements.
De l’importance de la salle obscure
C’est dans la petite cour intérieure du Couvent St-Césaire, où se tient l’échange avec les artistes, que se déroulent les projections et conférences. Le rituel de visionnage, tel un cinéma, est instauré dès votre arrivée : un comptoir vous accueille pour réserver vos séances. Une fois votre film choisi, vous entrez dans une salle plongée dans la pénombre, dans laquelle d’autres humains transportés dans les mondes virtuels n’ont aucune idée de votre présence, ni de celle des dix autres autours d’eux. On vous installe et on vous met à votre aise, le lieu est paisible et chaleureux.
La réalité virtuelle, vers un 10ème art ?
Et c’est l’entrée dans d’autres dimensions, quelques-unes très réelles, d’autres fantasmées pour un laps de temps de cinq à plusieurs dizaines de minutes. On y trouve quelques pépites comme le sublime Dear Angelica, court-métrage réalisé par Saschka Unseld entièrement peint à la Tilt Brush. Ses jeux d’échelles, ses scènes flamboyantes gigantesques et ses moments tragiques minuscules donnent à voir une toute nouvelle exploration de l’espace et de la narration en 360. Dear Angelica fait partie de ces capsules émotionnelles qui vous laissent rêveur même le casque enlevé. Les membres du jury ont certainement ressenti la même chose puisqu’ils ont décerné une mention spéciale à la proposition d’Unseld.
Miyubi, lauréat du Grand Prix, est la dernière création du studio canadien Felix&Paul qui n’a également pas laissé indifférents les publics. Par sa durée (40 minutes), son jeu d’acteur excellent et son propos juste et bien placé, Miyubi peut se targuer d’être le vrai premier long métrage en VR. Vous y incarnez un robot-jouet japonais dans une famille américaine typique des années 80 ; Coucou Stranger Things ; durant une année entière. De saynète en saynète, dont les coupures sont provoquées par votre redémarrage toujours plus chaotique, vous assistez lentement à votre déchéance et votre obsolescence prochaine sur fond de comédies familiales…. Un parallèle subtil est introduit par votre relation au grand-père qui prend toujours plus de place dans cette grande maison et qui est voué à l’hospice. Mention spéciale aux easter eggs que l’on peut ramasser pendant le visionnage pour accéder à une scène additionnelle, vive les Bonus !
Sans oublier évidemment le reste de la sélection, très qualitative, entre documentaires, créations artistiques et fictions que vous pouvez retrouver ici.
Expériences virtuelles partagées
Le VR Arles Festival c’est aussi des prises de paroles, débats et talks sur ce jeune média qui ne demande qu’à se structurer. Entre un panorama de la chaîne de production en VR par Pierre Lapeyrade et la question de l’écriture abordée par Vincent Perez, Benoît Baume et Michel Hazanavicius, la variété des sujets abordés a permis aux plus novices comme aux professionnels d’y trouver une parole ouverte et critique. Derrière l’enthousiasme ambiant reviennent les mêmes questions : Quid de la mise en scène ? Comment diriger le regard ? Comment diriger les acteurs ? Quel est l’intérêt actuel des distributeurs ? Nul doute que les réponses à ces questions prendront le temps d’être découvertes. D’ici là, on pratique le test&learn, on expérimente et on diffuse. On mesure l’engouement du public et on reteste.
Toujours est-t’il que la réalité virtuelle est bel et bien en train de devenir un média et un vrai canal de diffusion à part entière, réceptacle de propositions artistiques impossibles sous d’autres formats. En matière de brand content et de nouveaux médias, c’est un boulevard que nous tâchons d’utiliser de manière pertinente (comme ci-dessous sur notre production avec Valerian). Retenons toutefois un regret volé à l’un des créateurs : de ne pas pouvoir (encore) visionner les œuvres à plusieurs et simultanément, et partager les émotions qu’ils proposent. Vous avez dit #SocialVR ?