Impact des médias sociaux sur l’audimat
Diagramme réalisé par Stefano Maggi / CC BY-ND 2.0
Alors que Violette soulignait le mois dernier les liens de complémentarité qui peuvent unir la télévision et Internet, CNN s’inquiète pour sa part du développement des médias sociaux alors même que le NY Times révèle d’importantes chutes d’audimat pour la chaîne d’information.
De son côté, Nicolas Bry (TransmediaLab) nous présentait jeudi dernier, lors de la conférence du Social Media Club France sur le Storytelling Digital, les résultats très encourageants d’une expérience transmedia réalisée autour du téléfilm Clem (TF1).
Le concept consistait à préparer la diffusion de la série par un dispositif sur les médias sociaux deux mois avant la diffusion télé : création d’un blog, de la page Facebook correspondante et d’une websérie. La diffusion du téléfilm a ensuite eu lieu simultanément sur l’antenne de TF1, sur sa plateforme mobile et sur son site web, avec sur ce dernier la possibilité de partager en direct avec ses amis ses impressions grâce à l’application LiveFeed de Facebook. Enfin, un dernier épisode de la websérie – annoncé à l’antenne après le générique – permettait de prolonger l’histoire en découvrant sur mobile et sur Internet ce que devenait l’héroine 3 ans après. Le tout était naturellement couplé à la désormais habituelle catch-up TV durant les sept jours qui ont suivis la diffusion.
Décrit comme « une véritable immersion multi-écrans autour de l’univers de Clem [et permettant] de créer des flux d’audience entre ces 3 supports« , ce dispositif ambitieux s’est avéré être un succès. En effet, malgré un démarrage timide (seulement 72 fans sur la fanpage Facebook à 3 semaines de la diffusion), Nicolas Bry nous a dévoilé que le téléfilm avait été vu par 9,4 millions de téléspectateurs – contre une moyenne de 7 millions habituellement pour ce type de programmes – différence qu’il expliquait en grande partie due à cette expérience transmédia et le bouche à oreille qu’elle avait pu générer avant, pendant et après la diffusion du téléfilm.
Dans le détail :
- 30 000 visiteurs sur le blog avant la diffusion du téléfilm, 260 000 visiteurs après.
- 7 000 commentaires postés et 2 000 questions posées à l’héroïne via son blog
- 35 000 vues pour la websérie avant la diffusion, et plus de 150 000 à ce jour.
- Un pic d’audience de 9 400 000 téléspectateurs, et 6 400 000 devant leur écran à la fin lors de l’annonce de la séquence bonus en ligne.
- Plus de 1 000 000 de vues pour cette séquence bonus, dont 200 000 tout de suite après la diffusion du téléfilm et 600 000 sous 24h.
- 1 500 000 vues/revues via la catch-up TV
- Près de 60 000 fans sur Facebook à ce jour
Cet exemple montre que l’on peut créer des ponts entre les médias et souligne la capacité des téléspectateurs à regarder la télévision tout en étant sur Internet. Les médias sociaux ne seraient donc pas une menace pour la télévision (ces deux médias ne s’excluent pas l’un l’autre), et peuvent au contraire être de formidables outils de promotion, tout comme nous l’avions déjà évoqué, de partage et de prolongement de l’expérience télévisuelle. D’ailleurs, les 2 millions de téléspectateurs supplémentaires que TF1 a pu engranger, tout comme les 1,5 millions qui ont vu le téléfilm en différé via Internet, sont sans nul doute en bonne partie dûs au bouche à oreille produit grâce aux médias sociaux.
Ces thématiques font d’ailleurs l’objet d’un think tank au cours de la conférence MIPTV à Cannes à laquelle Sandrine assistera certainement aujourd’hui.