Coup de gueule RH !

Life @ We Are Social
adeline.bacchi

Nous n’avons encore jamais pris la parole suite aux nouvelles Lois adoptées en matière de législation du travail. Mais aujourd’hui, il est impossible pour nous de nous taire sur ce nouveau coup de massue porté aux entreprises.

« Les entreprises ne pourront plus dépasser 10% de stagiaires et devront mieux les payer. »

« Mieux les payer » ? Oui, évidemment. A ce jour, un étudiant en stage d’une durée minimale de 2 mois est rémunéré 436,05€ par mois. Compte tenu du travail effectué par les stagiaires, leur rémunération est inférieure au minimum légal des contrats d’alternance alors qu’ils occupent les mêmes fonctions, il était nécessaire de relever cette indemnisation.

Cependant, sachez déjà qu’un bon nombre d’entreprises a instauré des politiques de stage stipulant une indemnisation plus élevée, We Are Social en fait d’ailleurs partie. Oui Messieurs et Mesdames du Gouvernement, toutes les entreprises n’abusent pas des étudiants. Certaines prennent leur rôle à cœur, accueillent des étudiants avec plaisir, les intègrent comme un salarié à part entière, et les forment pour leur avenir professionnel. Tous les stagiaires ne font pas des cafés (nous avons des machines Nespresso, rassurez-vous) et des photocopies.

Ce qui m’exaspère et nous exaspère dans cette Loi, c’est ce quota de 10%. Vous rendez-vous compte, Chers Messieurs et Mesdames, que vous allez mettre non seulement des entreprises en difficulté, mais, qu’également, les stages en entreprise sont obligatoires pour les étudiants afin de valider leur diplôme ? Prenons l’exemple de notre secteur d’activité : la communication digitale. Cette filière est en plein essor, de plus en plus d’étudiants s’y inscrivent. Pensez-vous sincèrement que le nombre d’agences augmente de la même manière ? Je vous rappelle également que vous durcissez de plus en plus les règles en matière d’auto-entreprenariat, de créations d’entreprises. Vous êtes créateur de frustration.

Prenons le scénario suivant. Un étudiant passionné, motivé, voulant absolument nous rejoindre. Nous souhaitons le recruter, il correspond en tout point à nos besoins, et nous sommes prêts à l’accueillir à bras ouverts, le former. Malheureusement, nos 10% sont atteints, « Au revoir, ce fut un plaisir de faire votre connaissance ». Vous augmentez l’indemnisation de stage au 1er septembre 2015 pour « laisser le temps aux structures publiques et associatives de budgétiser cette hausse », par contre, le quota est effectif au 1er septembre 2014, évidemment, le secteur public en recrute moins, cela vous dérange moins.

Chers Messieurs et Mesdames du Gouvernement, toutes les entreprises n’abusent pas des stagiaires. Certaines prennent vraiment leur rôle à cœur, considèrent le stage comme un tremplin pour l’étudiant, et vice versa. Une fois de plus, je prends notre exemple. Depuis notre création en 2010, et jusqu’au 31 décembre 2013, nous avons accueilli 26 stagiaires. Savez-vous combien nous en avons recruté en CDI à l’issue de leur stage ? 13, soit 50%. Et savez-vous qui composent les 50% restants ? En effet, seuls 3 ne pouvaient pas être recrutés car, malgré les différents entretiens internes et formation procurée par nos consultants, ils n’ont malheureusement pas pu atteindre notre niveau d’exigence. Quant au 10 restants, ils reprenaient leurs études, et ne pouvaient donc pas être recrutés.

Chers Messieurs et Mesdames, que vous imposiez des quotas pour favoriser l’insertion des travailleurs handicapés, OUI, cette population est malheureusement décriée dans le milieu professionnel. Mais je vous rappelle également que vous imposez des quotas pour les alternants, que vous avez aussi songé aux quotas de seniors. Pour votre information, nous avons 0% de senior, indépendamment de notre volonté, mais vous n’êtes pas sans savoir que cette fameuse Génération Y est celle qui est le plus intéressée par le secteur du digital, et candidate en majorité.

Chers Messieurs et Mesdames, quand allez-vous enfin nous laisser gérer nos entreprises comme nous l’entendons ? Est-ce que vous allez enfin nous laisser recruter les profils dont nous avons BESOIN ? Oui, il faut encadrer ces emplois, ces stages. Mais il serait très aimable de votre part de penser aussi aux entreprises qui respectent les Lois et les personnes. Instaurer des quotas aux entreprises qui abusent ? Oui. Vous nous faites suffisamment remplir de déclarations obligatoires par an (le handicap, la formation continue, et j’en passe), vous pouvez bien en ajouter une pour vous assurer que les stagiaires ne soient pas utilisés à de mauvaises fins, et donc pénaliser en toute impunité les entreprises qui ne respecteraient pas les étudiants. Je tiens à vous rappeler que les PME sont créatrices d’emplois en France, ainsi, « selon une étude KPMG, plus de 80% des 2,8 millions d’emplois créés en France ces vingt dernières années l’ont été par des PME. »

Une fois de plus, vous faites une Loi pour « punir » les entreprises qui abusent, sans penser aux autres que vous allez mettre dans des situations compliquées. Je tiens également à vous rappeler que vous légiférez sur beaucoup de sujets au sein de nos entreprises sans prendre en considération nos réelles problématiques.

Un dernier exemple ? La formation. Nous adorerions former nos salariés ! Mais malheureusement, comme toutes les agences Conseil / RP, nous adhérons au SYNTEC, et donc à l’Organisme Paritaire Collecteur Agréé (organisme chargé de collecter notre cotisation obligatoire en termes de formation professionnelle afin de prendre en charge les formations de nos salariés) du FAFIEC. Je vous invite à consulter les formations prises en charge par cet OPCA. Je suis persuadée que nos collaborateurs seront ravis de suivre une formation « Intégration à la filière Foires, Salons et Congrès », ou encore « Réaliser un audit énergétique de qualité dans les bâtiments ». Parce que oui, ces formations sont prises en charge par le FAFIEC. Par contre, s’ils veulent suivre une formation du type « Ergonomie des interfaces tactiles » l’OPCA répond aux abonnés absents : « Cette formation ne peut être prise en charge car elle ne correspond pas à votre secteur d’activité ». Ah ? Au temps pour moi.

Bref, Chers Messieurs et Mesdames du Gouvernement, laissez nous gérer nos entreprises comme nous l’entendons, parce que la majorité d’entre vous n’y a jamais mis les pieds. Descendez de votre Tour d’Ivoire, je serais ravie de vous accueillir une journée au sein de We Are Social et de vous présenter nos anciens stagiaires que nous avons recrutés ;-).

Une RH outrageusement en colère.