#FOODPORN : COMMENT SOUHAITER UN BON
APPÉTIT SUR LES MÉDIAS
SOCIAUX
Dans l’article qui suit, Shauna Moran, insight analyst (GWI), examine les marques et leurs façons d’exploiter le monde du marketing alimentaire sur les réseaux sociaux.
Les pâtes à la crème et à la vodka, les mug cakes aux Oreos ou encore les toaster wraps ne sont que quelques-unes des recettes insolites et farfelues devenues virales sur les réseaux sociaux au cours des deux dernières années.
Cet engouement a laissé des traces dans les rayons des épiceries ; le fameux Feta Pasta Baked de 2020 ayant, selon la rumeur, provoqué une pénurie de feta.
Une question se pose alors : pourquoi les marques alimentaires et les restaurants devraient-ils prêter attention à ce qui s’avère souvent être des tendances passagères ? Et pourquoi devraient-ils investir davantage dans le contenu social media ?
Aujourd’hui, un nombre croissant d’internautes utilisent des recettes en ligne pour cuisiner. Les ingrédients et les plats tendances rassemblent un grand nombre d’amateurs de cuisine sur les réseaux…
La dernière étude Global Web Index examine la puissance des médias sociaux en tant que source d’inspiration pour la cuisine et ce que les utilisateurs attendent des contenus “food”.
De nos jours, les expériences culinaires se déroulent davantage en ligne.
Premièrement, il est important de préciser que les médias traditionnels comme les émissions de télévision, les recettes de famille ou encore les livres de cuisine ont toujours leur place. Malgré la pandémie, ces ressources se sont avérées très résistantes et continuent de valoriser et soutenir les chefs cuisiniers, alors confinés dans le monde entier.
En revanche, les canaux virtuels prennent de plus en plus de place sur la table. Depuis le quatrième trimestre 2020, on observe une augmentation de 15 % du nombre d’Américains utilisant des vidéos ou des tutoriels en ligne pour cuisiner, un chiffre qui passe à 26% pour la génération X et les baby-boomers.
Qu’ils soient diffusés en live ou non, les tuto cuisine permettent aux internautes adeptes de cuisine de se sentir de plus en plus connectés. Sans surprise, cette cible se distingue par le fait qu’elle souhaite que les marques gèrent des communautés, des forums – un signe que la cuisine devient davantage une activité collective.
Les tutoriels sont souvent diffusés sur les réseaux sociaux et diverses marques ont déjà ouvert le champ des possibles pour ce qui est du commerce alimentaire virtuel. Les parents de jeunes enfants représentent une part relativement importante de ces internautes friands de cuisine. Ainsi, des entreprises comme Bread Ahead organisent régulièrement des sessions Instagram Live pour inciter les familles à cuisiner ensemble et ainsi créer un lien familial unique.
Non seulement c’est un excellent moyen pour les entreprises de mettre en valeur leurs produits et de suggérer des façons créatives de les utiliser, mais les personnes qui y participent auront une opinion beaucoup plus favorable de la marque en question.
C’est particulièrement important pour ceux qui commercialisent des produits nouveaux ou de niche. Par exemple, Miyoko’s Creamery vient d’annoncer la création d’une première chaîne de cuisine au beurre végétalien sur YouTube.
Nous avons tous un rôle à jouer dans la création et la popularisation des recettes en tout genre.
Si les médias traditionnels occupent la première place en matière d’inspiration pour les repas, ce n’est pas le cas lorsque l’on s’intéresse aux jeunes générations…
Au premier abord, les figures marquantes de la génération Z semblent s’opposer. Bien qu’elle soit la génération la plus influencée par le contenu des plateformes sociales, elle est également plus susceptible d’être inspirée par des recettes familiales que les millenials ou la génération X.
Les utilisateurs les plus jeunes des médias sociaux auraient redécouvert des fiches de recettes vintage, faisant revivre ces plats et leur donnant vie sur une plateforme. Au Royaume-Uni, les recherches de plats des années 1970 comme le bœuf stroganoff et l’Alaska cuit au four ont grimpé en flèche au printemps 2021, suscitant plus de 60 000 publications #bakedalaska sur Instagram.
Pour séduire les jeunes gourmands, les marques doivent s’efforcer de relier les sources médiatiques traditionnelles et numériques de manière poussée. De nombreuses librairies ont des présentoirs dédiés à CookBooks – TikTok où les clients peuvent même acheter des livres de cuisine inspirés de TikTok. Ce type de stratégie multicanal permet aux consommateurs en ligne de mettre en évidence l’impact qu’ils ont sur le commerce physique via les plateformes connectées. Les restaurants pourraient suivre ces traces et pimenter leurs menus avec des “Favorites From Social Media”.
Les adeptes de food souhaitent davantage discuter “alimentation” en ligne, participer aux tendances et donner une nouvelle tournure à de précieuses traditions. Il y fort à parier que les entreprises qui seront à l’origine de ce changement se feront une belle place sur la liste des favoris de la Gen Z…
Nous mangeons avec nos yeux, mais la beauté n’est pas universelle.
Maintenant que nous avons établi que les médias sociaux sont importants dans le monde du marketing alimentaire, la question est la suivante : comment le commerce en ligne arrive-t-il à éveiller nos papilles gustatives ?
Nous avons demandé aux personnes les plus susceptibles de voir du contenu culinaire sur les médias sociaux : les recettes les plus simples sont ce qu’elles recherchent en ligne.
Les données démontrent qu’il existe une réelle demande sur ce que les réseaux sociaux font le mieux : laisser tomber les détails inutiles et réduire les recettes à une série de vidéos très claires et rapides. Comme le mentionne un article récent, les recettes de TikTok ont du succès parce qu’elles « éliminent le superflu ».
De nombreux conseils destinés aux spécialistes du marketing alimentaire portent sur l’excellence de la photographie et la propreté des décors. Bien qu’elle soit importante, la simplicité est une priorité sur le marché actuel. En effet, les images de haute qualité sont déjà présentes partout en ligne. Pour la cuisine quotidienne, beaucoup privilégient la rapidité à l’esthétique.
Le contenu saisonnier change également la donne. Cette année, la plateforme de recettes Delish a suggéré des façons amusantes d’utiliser les restes de Thanksgiving. Les jours qui séparent Noël et le Nouvel An sont un moment idéal pour les géants de la grande consommation. Elles peuvent ainsi recommander des idées et s’adapter à la grande mode du “work from home”, pour des personnes à la recherche de dépaysement dans leur quotidien et leurs habitudes.
22% des employés en télétravail avouent qu’essayer des aliments aventureux est devenu plus important pour eux, au cours de l’année écoulée.
La case « saisonnalité » peut également être cochée en célébrant d’autres fêtes culturelles. Les chefs cuisiniers peuvent donner une tournure délicieusement moderne aux recettes traditionnelles et les adapter aux palais locaux, ce qui devient de plus en plus nécessaire à mesure que les régimes alimentaires alternatifs se répandent. La palme revient aux marques qui font preuve d’ouverture d’esprit, puisque deux personnes sur cinq souhaitent voir davantage de diversité dans les ingrédients proposés.
Bien que le terme « végétalien » ne soit pas un mot généralement associé aux plats coréens, la blogueuse culinaire Joanne Molinaro crée des recettes coréo-américaines sans produits laitiers ; et il est toujours possible d’innover davantage.
La cuisine ouest-africaine n’a pas encore été largement explorée sur le marché américain, mais ça ne saurait tarder...
Cette idée n’est pas ridicule, puisqu’un tiers des Noirs américains se sentent plus liés à leur patrimoine qu’il y a un an et qu’un quart des habitants du pays souhaitent voir davantage de plats d’autres cultures dans leurs assiettes.
La santé, et donc le marketing alimentaire, doivent être considérés dans leur ensemble.
Nous ne pouvons pas parler de marketing alimentaire sans évoquer la pandémie de COVID-19. Les gens ont encore plus soif de « bonne santé » et la définition qu’ils en donnent a changé.
Les consommateurs mondiaux qui se disent soucieux de leur santé sont moins restrictifs que la moyenne ; ils sont plus susceptibles d’acheter une gamme d’en-cas riche en calories comme des bonbons, des chips et des biscuits. Pour eux, la santé est moins une question de sacrifices qu’une question d’équilibre.
La demande de conseils pour un mode de vie sain est aujourd’hui 1,9 fois supérieure à celle des régimes amaigrissants, ce qui devrait influencer le type de contenu que les marques alimentaires diffusent sur les médias sociaux.
Une étude récente publiée par le Journal of Consumer Psychology s’est intéressée à la composition nutritionnelle des plats présentés sur les médias sociaux et a révélé que les aliments riches en calories suscitent généralement le plus d’intérêt.
Un regain d’intérêt pour la santé ne se traduit donc pas par des photos d’assiettes drapées de légumes, mais par des plats savoureux qui offrent des valeurs nutritives et des conseils sur le healthy lifestyle.
Les consommateurs tiennent également compte de la santé de la planète lorsqu’ils décident d’un plat ou d’un autre. C’est pourquoi la société HelloFresh a commencé à inclure des labels climatiques sur ses recettes. Plus d’un internaute sur trois souhaite obtenir davantage de conseils en matière de durabilité de la part des personnes ou marques qui publient des informations sur l’alimentation.
Cela montre à quel point ces petites touches apparentes peuvent avoir un impact réel sur l’image de marque.
Faites monter la température pour Noël !
Les médias sociaux sont devenus un ingrédient clé du marketing alimentaire et poussent les acteurs du secteur à revoir leurs stratégies médias et produits. Mais lorsqu’il s’agit d’obtenir des résultats, les photos de haute qualité ne suffisent plus aujourd’hui : les marques doivent innover davantage pour se démarquer.