POURQUOI S’INTÉRESSER AUX ANIMÉS ET À SA
COMMUNAUTÉ ? 

On vous a forcément déjà parlé de Pokémon, vous avez déjà dû croiser des cosplayers sur la toile, vous y avez peut-être même aperçu des mèmes d’animés ! Mais au fond, pourquoi s’y intéresser et comment tirer parti d’une communauté forte de 50 à 500 millions de personnes, évaluée à 25 milliards de dollars ?  Viren Mistry, UK Associate Editorial Director au Royaume-Uni, s’est penché sur le sujet des animés et explique de quelle façon les marques peuvent s’engager avec cette communauté.

Authenticité et codes de l’animé 

Pour de nombreuses personnes de la Gen Z, leur première expérience avec les animés a également été leur première exposition à la culture est-asiatique. Après le succès national et occidental de Dragonball d’Akira Toriyama, les « Big 3 » qui ont suivi dans les années 90 – Naruto, Bleach et One Piece – ont chacun alimenté une fanbase tout en inspirant les générations suivantes de créateurs.

Comme de nombreux animés sont à l’origine issus de manga (bande dessinée japonaise), ils ont  donc déjà un public qui connaît leurs univers et leurs personnages. D’ailleurs, les protagonistes, antagonistes et les personnages de second plan ont souvent leur propre fandom. 

Mais surfer sur les animés peut parfois être un challenge. Par exemple, le film Dragonball – Evolution a été fortement décrié par la critique, notamment car les studios Fox ont tenté de tirer profit de leurs droits décroissants sur la franchise de façon très paresseuse, ce qui a provoqué la colère de toute la communauté des animés. Screen Junkies a qualifié le film de « plus grande insulte à la culture japonaise depuis Hiroshima ».

La série Cowboy Bebop de Netflix a également raté sa cible. Empire explique que la série « se concentre uniquement sur ses éléments les moins intéressants, sans même avoir pris en compte le style et les textes de son prédécesseur, « . Au lieu d’être pointue, provocante et dynamique, la nouvelle version présente une série ennuyeuse et plate.

À l’inverse, lorsque Michael B. Jordan a lancé sa collection de vêtements Naruto, les fans ont adoré. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est l’un d’entre eux. Lorsque Samuel L Jackson et Lucy Liu ont prêté leurs voix pour le doublage de Afro Samurai, le résultat n’était pas creux, mais une escalade de récits grinçants et violents propres au manga d’origine, amplifiée par des acteurs adulés. Pourquoi ? Parce qu’ils font tous deux partie de cette communauté.

En Angleterre, We Are Social a investi l’univers des animés pour adidas Running : l’athlète Noah Lyles a réalisé son propre film d’animation, étant lui-même un véritable fan d’animé. Adidas a eu la l’audace de faire appel à son expertise et de se laisser guider par sa seule vision créative. Et ça a payé ! Le film a reçu de nombreux éloges et la communauté a réagi en créant des fan-arts consacrés à Lyles et à d’autres personnages. 

Qu’est ce que tout cela signifie ?

La communauté amateurs d’animés a grandi avec la discipline de l’art. Alors assurez-vous que vos aventures puissent faire ressentir un sentiment d’appartenance à cette communauté qui a traversé une tonne de changements au fil des années…

La publicité de 2012 pour la Classe A de Mercedes empreinte les codes de l’animation, à un tel point que les spectateurs de cette communauté attendaient impatiemment une suite !
Microsoft a choisi de toucher ce public lors du lancement de Windows 7 au Japon, avec une vidéo-guide animée particulièrement bien réalisée esthétiquement. De son côté, McDonalds a choisi de se concentrer sur le parcours d’un nouvel employé au sein de l’enseigne, en invitant à les rejoindre dans leur “famille” à l’aide d’un animé.

Les récits de l’animé et son influence sur la culture

L’animé est déjà profondément ancré dans la culture occidentale. Kanye West par exemple cite souvent Akira comme l’une de ses principales sources d’inspiration, tandis que dans son album Six Paths, Dave fait directement référence à Naruto. Avril Lavigne, Ronda Rousey, Ariana Grande et John Boyega sont également des fans d’animés

En plus de permettre la vision d’un mode de vie différent, les animés posent également des questions philosophiques passionnantes. Ils vous transportent dans un monde viscéral et immersif, vous procurant la sensation d’une vie parallèle.

Des pandémies aux guerres, les catastrophes mondiales sont probablement plus racontées et explorées aujourd’hui qu’elles ne l’ont jamais été depuis le succès des animés. Attack on Titan nous plonge dans un monde apocalyptique, violent et moralement ambigu, tandis que Dr Stone fait face à l’apocalypse en refondant une civilisation, en éduquant le public en matière de science, d’ingénierie et d’histoire.

De son côté, Black Lagoon explore un monde corrompu où des individus tout à fait ordinaires deviennent des contrebandiers, alors que Cowboy Bebop explore la vie d’un chasseur de primes dans une autre dimension comparable à celle de Star Wars, sans aucune fantaisie surnaturelle. Castlevania, diffusée sur Netflix, a permis aux fans d’explorer, sans complexe, ce que signifie être inhumain de la manière la plus humaine qui soit.

Si vous voulez tirer parti de cette communauté, il faut vous lancer ! (Il ne s’agit pas que de super pouvoirs et de coiffures cool). Il existe une multitude de sous-genres, dont beaucoup repoussent les limites des scénarios et qui devraient être considérés comme des animés.

L’animé s’est attaqué à des sujets plus tabous, en questionnant par exemple le monde de la prostitution avec Rent a Girlfriend et en explorant les subtilités du cosplay avec My Dress Up Darling. Ces deux séries humanisent les personnages et les industries présentés en explorant leurs relations avec le travail, les amitiés et la vie, en général.

Certaines créations sont tout simplement hors normes. Le manga culinaire Food Wars est plus qu’original, Gintama et Jujutsu Kaisen mélangent les genres et établissent des liens non conventionnels avec d’autres animés ou encore Samurai Champloo qui utilise même le hip-hop pour remixer la narration.

À l’image de la publicité Fry Force de Taco Bell, présentée sans complexe au grand public, ringarde à souhait et pleine de saveurs, les marques doivent donc faire preuve d’audace lorsqu’elles s’aventurent dans le monde de l’animé, en donnant du punch et en proposant un contenu unique et percutant, dans le but de faire réagir un public connaisseur.

Par où commencer ?

La communauté des fans d’animés se trouve aux quatre coins du web, mais c’est sur les réseaux sociaux que les conversations sont les plus intenses. Pour les marques qui souhaitent s’impliquer, il n’y a pas de meilleur moyen que de commencer par  explorer le contenu partagé par les fans, au sein de ces plateformes.

Instagram: Fanart et memes. 

TikTok: Le partage de leurs vidéos courtes favorites.

YouTube: Les réactions aux différents contenus.

Twitter: Conversations de groupe.

Reddit: Un fourre-tout, on y trouvera des réactions, des conversations etc.

Les deux plateformes les plus intéressantes sont Snapchat, où les filtres d’animé sont devenus extrêmement populaires et Deviant Art, où l’on trouvera une communauté artistique très soudée.

Le lien profond que les individus ont avec les animés signifie qu’il y a un énorme potentiel en termes d’exploitation de narration liée à une communauté loyale, empathique et fière.
Attention tout de même : si vous vous ratez, vous allez en ressentir les conséquences car comme nous l’avons vu, les animés possèdent leurs propres niches et leur propre langage, alors assurez-vous de bien creuser avant de plonger dans le grand bain !