“Next Gen Influence 2024″

Les tendances d’une nouvelle ère de collaboration entre marques et créateurs·trices de contenu

Le nouveau rapport “Next Gen Influence 2024”, réalisé par le groupe We Are Social et son département Cultural Insights, identifie et analyse cinq tendances qui vont redéfinir une nouvelle ère de collaboration entre les marques et cette génération actuelle de créateurs·trices de contenus. Découvrez ci-dessous une analyse et bilan de ces tendances (avec quelques exemples adaptés au marché de l’influence français ajouté par notre planning stratégique We Are Social France) et le rapport entier en anglais est à télécharger par ici

Un parent qui prône les bienfaits pour la santé de la kétamine. Une it-girl de Manhattan qui passe de contenus répertoriant « les meilleurs bars à cocktails de NYC » aux “meilleurs spots pour faire du cheval dans le Connecticut”. Un spectacle de marionnettes où les poupées sont envoyées en cure de désintoxication pour avoir volé un sac Marc Jacobs…

Un simple coup d’œil aux contenus créés par les créateurs et créatrices d’aujourd’hui révèle une culture en pleine mutation. Tout, du ton des sujets en passant par les normes de production, a changé au cours de la décennie depuis les prémisses de l’influence marketing.

Dans un contexte de croissance spectaculaire de l’industrie – We Are Social a rapporté une augmentation de 17 % des investissements influence marketing rien que l’année dernière – les créateurs·trices et les marques doivent suivre le rythme d’un paysage de plus en plus professionnel. 

En tant qu’agence internationale créative experte des réseaux sociaux, We Are Social observe les mutations de l’économie de l’influence depuis 16 ans – de ses premiers pas à son adolescence existentielle actuelle. Ici, le département Cultural Insights du groupe a identifié et travaillé sur cinq tendances, illustrant à quoi ressemblera cette prochaine génération…

The Right to Reinvention

    Alors que les créateurs oscillent entre leur image de marque construite dès leurs débuts et leurs évolutions, les marques cherchent à suivre et à s’intégrer.

    Les réseaux sociaux adorent les histoires de « parcours ». Que ce soit celui de Jamie Pandit pour devenir une fière femme trans ou celui de Hannah Kleeberg, passé de petit cœur brisé à influenceuse food chic, les évolutions personnelles créent toujours de bonnes histoires.

    Au cœur de l’économie des créateurs d’aujourd’hui, cette focalisation sur le « parcours » a complexifié notre idée de l’authenticité. Alors que l’influence telle que nous la connaissons entre dans sa deuxième décennie, ses piliers vieillissent et les audiences sont désormais habituées à voir les personnalités qu’elles suivent changer (entrée dans la maternité ; débuts de la célébrité, évolutions des enfants stars, etc…). S’il y a quelque temps, l’idéal de l’influence était de rester sur une empreinte personnelle unique et inébranlable, être un caméléon semble aujourd’hui être le nouvel “authentique ». Les créateurs et créatrices de contenus jouent avec cet équilibre délicat : se réinventer en direct devant la caméra, mettre en scène leurs évolutions pour gagner de nouveaux followers, tout en gardant leur “patte” pour ne pas perdre leur base de fans de la première heure.

    Des créateurs comme Julie Vu ont gagné l’amour de leurs audiences en faisant du contenu qui raconte et visualise « le parcours » de son évolution trans. Charlotte Crosby, star de la télé-réalité osée, est aujourd’hui devenue maman influenceuse bienveillante. 

    Pour les marques : À mesure que les créateurs et créatrices franchissent de nouvelles étapes de leur vie et se réinventent, les règles d’engagement des marques changent.

    Relatable Realism

      Alors que la vie au quotidien devient plus difficile, les créateurs·trices et les marques s’alignent sur des modes de vie réalisables plutôt que sur des modes de vie aspirationnels.

      Le contenu aspirationnel – la mise en scène d’une vie rêvée – inonde pourtant les flux de nos influenceurs. Mais la recherche a démontré que la comparaison sociale n’est efficace que si l’objectif visé reste dans le domaine du possible. Ces corps, ces vacances ou ces idylles doivent être quelque chose que les spectateurs·trices pourraient s’imaginer atteindre. Aujourd’hui, l’aspiration doit changer de forme pour rester réaliste, à portée d’objectif.

      Cela a engendré un contenu lifestyle moins axé sur le glamour et le luxe, et plus sur le calme et la stabilité, avec des créateurs·trices qui s’appuient sur l’humour. Un salaire mirobolant dans les grandes entreprises représentait un emploi de rêve lors de la dernière décennie, mais aujourd’hui, la nouvelle génération penchent plus vers la stabilité d’un poste par exemple dans l’administration publique. Même celles et ceux qui représentaient les « élites urbaines » se rebrandent, à l’image de Paige Lorenz, une ancienne it-girl de Manhattan, qui partage désormais sa nouvelle vie en campagne dans le Connecticut.

      Pour les marques : Un contenu lifestyle aspirant est plus difficile à vendre dans le climat économique actuel, les marques doivent réfléchir soigneusement à la manière dont elles se positionnent ainsi que leurs produits.

      Influential Allies 

        Peu de gens diraient que la société actuelle a atteint l’égalité, mais plaider pour un monde juste et équitable pour toustes reste une idée populaire. Conformément à cela, ces dernières années, nous avons vu des créateurs et créatrices s’engager dans des actes d’altruisme pour démontrer leurs « bonnes intentions » – une tendance notamment incarnée par les actions caritatives bruyantes de Mr. Beast, qui a par exemple financé des opérations pour restaurer la vue à des aveugles. 

        Dans ce contexte, une inquiétude croissante fait jour : la philanthropie serait utilisée pour gagner en popularité en ligne ? Alors que les audiences peuvent devenir sceptiques face à la posture morale, les créateurs troquent les œuvres qui revendiquent des valeurs contre des œuvres qui perturbent ou remettent activement en question le statu quo  – que ce soit en revendiquant des espaces en ligne pour les sous-représentés ou en aidant les audiences à imaginer des sociétés alternatives ou d’autres futurs possibles. Par exemple, les créateurs TikTok utilisant l’IA réimaginent l’histoire d’un point de vue décolonisé, posant des questions comme « Et si l’Inde gouvernait la Grande-Bretagne ?« , proposant des moyens humoristiques pour défier les gens à penser à travers un prisme non eurocentrique.

        Aussi, les communautés sous-représentées ont atteint un point de bascule où la représentativité est attendue, pas un « plus ».

        L’actrice, écrivaine et productrice américaine Issa Rae a lancé Ensemble, une entreprise dédiée à connecter des créateurs divers et sous-représentés avec des marques. Il y a aussi TikTok avec son programme Collective qui a aidé 33 influenceurs de mode non traditionnels à se connecter et à « rencontrer rapidement » des marques de mode de luxe pendant les Fashion Weeks. De son côté, Raphael Vicente met par exemple en lumière la riche culture des favelas – des espaces souvent décrits comme violents et hyper-masculins, mais dont la réalité est autre. 

        Pour les marques : À mesure que les créateurs·trices échangent des valeurs contre des actions, les marques devront réfléchir davantage à la manière de démontrer concrètement leur impact positif.

        Credible Creativity

          Il n’est pas facile d’être une marque sur Internet. D’un côté, les audiences plus averties détestent que leur expérience en ligne soit interrompue par du contenu publicitaire. De l’autre, la production créative peut être surchargée – ce qui signifie plus de contenu en concurrence pour les mêmes durées d’attention limitées.

          Dans ce contexte, la barre de la créativité est plus haute. Cela est vrai pour tout le monde, mais c’est plus difficile pour les marques, qui doivent être aussi divertissantes que leurs homologues humains, sans la tolérance qui leur ait accordée – c’est pourquoi un créateur comme Will Mahony est adoré pour ses controverses, tandis que Balenciaga a été critiqué pour sa campagne de nounours S&M.

          Les marques d’aujourd’hui sont censées être à la fois moralement et créativement exemplaires. Pour atteindre cet équilibre délicat (être à la fois institutionnellement irréprochable et créativement inspirante), les marques s’appuient sur des créateurs, pour bénéficier d’ approches créatives qui sont appréciées lorsqu’elles sont réalisées par des individus, mais moins convaincantes lorsqu’elles sont réalisées par les entreprises elles-mêmes (voir même pouvant créer l’indignation).

          Les partenariats – par exemple le travail de Marc Jacobs avec le créateur @sylvaniandrama – donnent aux marques plus de latitude pour participer à un humour culturellement authentique.

          Beaucoup joue aussi sur un humour “humble” et autodérisoire. Être un influenceur exige, dans une certaine mesure, d’être pris au sérieux – mais être un créateur aspire aussi à se moquer de soi-même, à l’image de DJ Mandy, une créatrice dont les mashups terribles la rendent « fière d’être la pire DJ sur internet« .

          Pour les marques : Les partenariats avec les créateurs et créatrices peuvent aider les marques à s’approprier des genres de créativité « très internet », dans des espaces qui leur étaient auparavant inaccessibles.

          Extreme Influence 

            Pour se démarquer et divertir, les créateurs·trices et les marques repoussent les limites à l’extrême. Les origines de la « théorie de l’Internet mort » sont difficiles à cerner, mais son principe est clair : les réseaux sociaux sont envahis de bots et de contenu généré automatiquement – optimisé pour attirer l’attention, mais dépourvu d’âme et de valeur créative. Le véritable défi pour les créateurs est de se démarquer dans cet espace encombré de “déchets” numériques.

            De nombreux créateurs d’aujourd’hui sont pris dans cette mer de similitudes sur-optimisées. Pour se démarquer, ils s’appuient sur l’insolite et l’extrême, brisant les règles tacites de l’Internet, que ce soit en prônant les bienfaits pour la santé mentale de la kétamine, en simulant leur propre mort pour attirer l’attention sur une cause, ou en cherchant à gagner en notoriété en tirant des feux d’artifice sur un hélicoptère depuis une Lamborghini.

            Les créateurs recherchent l’exploit, des sensations fortes et jouent sur l’extrême pour attirer l’attention : le contenu à haute intensité de Max Webb démocratise le monde du sport extrême, tandis que DuoRuns vise à être la première personne à courir de Cape Town à Londres pour mettre en lumière l’histoire de la migration humaine.

            Les créateurs de comédie créent des formats percutants, comme @accorciabro ou la version FR @abregefrere, qui jouent sur une extrême brièveté  pour résumer le contenu d’autres créateurs – avec un ton monotone, en quelques secondes. 

            Les créateurs défient également les normes de la catégorie avec des bizarreries pour se démarquer. John Pork, un influenceur de voyage amélioré par l’IA, qui se trouve être un cochon, a gagné une fandom et a engendré le mème « John Pork Calling » qui a permis à son créateur d’atteindre 900 millions de vues sur TikTok.

            Pour les marques : à mesure que la culture en ligne devient plus extrême, les réseaux sociaux sont devenus un lieu où les marques sont censées être plus ludiques et expérimentales.

            Le rapport entier (en anglais) est à télécharger par ici.

            Méthodologie

            Il n’est pas facile de prédire les tendances émergentes de l’internet, et le secteur du marketing d’influence ne fait pas exception à la règle. L’économie des créateurs est dynamique, mais elle est aussi complexe – sujette à des innovations constantes mais aussi à des changements rapides.  

            Pour s’assurer que les tendances mises en évidence dans ce rapport se maintiendront dans le temps, nous avons adopté une approche méthodologique mixte pour analyser l’influence, en utilisant des analyses quantitatives, qualitatives et culturelles.

            Nous avons notamment effectué des recherches documentaires contextuelles pour comprendre les changements fondamentaux dans le domaine du marketing d’influence et de l’économie des créateurs. Nous avons ensuite mené une série d’entretiens avec des spécialistes du marketing d’influence dans le monde entier afin de comprendre le paysage actuel.

            Nous avons ensuite travaillé avec Tagger, un outil d’identification, de gestion et de reporting des influenceurs, pour identifier les 100 créateurs à la croissance la plus rapide ayant plus de 50 000 followers au cours des six derniers mois, sur les marchés clés et dans les catégories beauté, mode, style de vie, jeux, sports, nourriture et boissons, et voyages. Nombre de ces créateurs sont présentés dans le rapport. 

            Sur la base de ces recherches, notre département Cultural Insights a utilisé l’analyse thématique pour identifier les tendances émergentes qui façonneront l’industrie du marketing d’influence.