THINK FORWARD 2023 : FRAGMENTED FUTURES

LA SYNTHÈSE (EN FRANÇAIS) 

La nouvelle édition de notre rapport Think Forward 2023 sort aujourd’hui ! Intitulé « Fragmented Futures », retrouvez l’analyse du groupe We Are Social sur les tendances du social media et les perspectives à suivre pour ces 12 prochains mois ci-dessous :

Il y a tout juste un an, nous sortions d’une période de pandémie avec un tout nouveau paysage digital.

La vraie vie (IRL) et la vie en ligne (URL) étaient déjà étroitement liées, et beaucoup de choses se profilaient déjà à l’horizon : le metavers, des espaces virtuels dans lesquelles nous pouvions passer nos journées, mais aussi les NFT, pour décorer les murs des maisons numériques, ou encore l’émergence de portefeuilles crypto pour payer des biens et des services dans des centres commerciaux virtuels… Déjà à cette époque, le social représentait un mix de plusieurs mondes. Mais il y avait toujours un sentiment de réalité partagée : un espace communautaire à l’intersection de ces mondes. 

Cette année, l’avenir ressemble moins à un télescope qu’à un kaléidoscope : elle se présente sous la forme de fragments divers, et non d’une perspective unique. Le sentiment de réalités segmentées est passé de quelque chose de niche à un courant dominant. Dans cet espace fragmenté, chacun détient sa propre coutume, sa propre existence, et ces mondes marginaux ont le pouvoir de devenir le courant dominant. 

Sur le plan social, l’époque des feeds dans lesquels on retrouvait des photos d’ami.es et de famille est révolue. Maintenant, ils font place aux pages « Pour toi » (fyp), guidées par les préférences et intérêts de chacun. Sur le plan culturel, l’époque des discussions universelles autour de machine à café, dictées par une culture populaire partagée, est révolue. Aujourd’hui, nos intérêts vont vers différents espaces sur Internet de plus en plus niches et éphémères. Sur le plan personnel, les identités sont plus complexes et plus fluides que jamais, et ressemblent davantage à un « avatar du jour » qu’à une image statique de soi. 

Dans ce contexte inédit, de nouveaux besoins apparaissent. Les annonceurs ont appris les meilleures pratiques pour un monde polarisé, mais qu’en est-il d’un monde atomisé ? 

Cette question est la toile de fond du rapport Think Forward de cette année, qui examine la manière dont nous abordons les avenirs fragmentés.

1. LA DÉCOUVERTE DE NOUVELLES TEXTURES

La façon dont les internautes explorent le web et découvrent de nouveaux contenus évolue. Les utilisateurs remettent en question les anciens modes de recherche et s’appuient davantage sur la richesse des données offertes par le social media, complétant les modes de recherche traditionnels par des modes visuels, collaboratifs, plus exploratoires et imprégnés d’expérience personnelle, dans les profondeurs de Reddit, dans le champ infini de TikTok ou encore dans les coins reculés de Roblox.

1.1 LES COMPORTEMENTS QUI ONT CONDUIT À CETTE TENDANCE

DANS LA CULTURE : Les résultats de recherche étaient autrefois magiques, ou du moins intelligents. Aujourd’hui, avec une plus grande sensibilisation sociale aux algorithmes, au référencement et aux publicités sponsorisées, nous avons le sentiment que ce que nous voyons en ligne est limité. Il existe même une branche entière du stress – « l’anxiété algorithmique » – qui décrit la crainte que les recommandations en ligne n’émoussent nos goûts individuels. 

SUR LES PLATEFORMES : Alors que les résultats de recherche officiels perdent progressivement de leur éclat, les plateformes sociales sont devenues des sources de contenu propice à la découverte, qu’il s’agisse des critiques honnêtes de Reddit ou de l’explosion des livestreams, des duets et autres « contenus de réaction »

1.2 LES COMPORTEMENTS QUI CHANGENT AVEC CETTE TENDANCE

La recherche consiste à conserver l’information, pas à la collecter.

Dans un océan de contenus infinis qui déferlent, la recherche et la découverte sont devenues moins une question de recherche d’informations qu’une question de sélection. Et si les internautes ont toujours été attirés par le contenu guidé par l’expérience humaine subjective, ils y viennent désormais plus tôt dans leur parcours. Les recherches sur TikTok et les subreddits ne sont plus une étape à  la fin d’un parcours de recherche, mais un point de départ pour la découverte.

Par exemple, les TikToks qui font découvrir aux utilisateurs les meilleures restos de Londres pour des dates, les bars les plus originaux au Royaume-Uni ou les films et séries qu’il faut regarder sur Netflix.

Les utilisateurs souhaitent faire des recherches par « sentiment ».

Plutôt que d’utiliser un terme de recherche clair ou spécifique, les internautes orientent leurs recherches en fonction d’une humeur, d’une esthétique ou d’un sentiment. Cela contribue au succès de plateformes comme Pinterest, qui organise l’information en fonction de codes esthétiques intuitifs, ou TikTok, qui permet aux utilisateurs de suivre le fil d’un « son tendance » donné. 

Par exemple, le subreddit r/BooksThatFeelLikeThis, où les gens recommandent des livres en fonction de la « sensation » d’une photographie donnée. 

Les gens veulent de l’inattendu, pas du prévisible

Les internautes commencent à résister aux algorithmes, et à la façon dont ils choisissent la seule vision du monde en ligne pour eux. Au lieu de cela, ils veulent regarder au-delà du rideau de leurs propres flux et pages « Pour vous », à la recherche d’un aperçu plus aléatoire et imprévu de ce que le web a à offrir. 

Par exemple, la tendance « sorry wrong fyp », où les vendeurs sur TikTok ont joué sur l’idée que l’algorithme vous cache du contenu. (62% des individus souhaitent que les plateformes de streaming recommandent plus de contenu impopulaire… même au risque qu’ils ne l’aiment pas. [Matt Klein, 2022])

1.3 LE CHANGEMENT POUR LES MARQUES

La personnalisation et la simplicité étaient autrefois les marqueurs d’une recherche efficace et d’une bonne découverte. Aujourd’hui, les marques qui donnent à la recherche un caractère collaboratif et surprenant ont plus de valeur. 

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2. DES RÉCITS QUI S’EFFONDRENT

Le storytelling n’est plus linéaire ou contenu. Au contraire, pour survivre à l’économie moderne de l’attention, la narration sur les réseaux sociaux est en train de muter. Alors qu’elles étaient autrefois fondées sur une formule – début, milieu, fin – les histoires ne progressent plus selon un arc narratif complet et ne se déroulent plus du début à la fin en un seul endroit. Au lieu de cela, elles s’effondrent et commencent au milieu de la narration, ou s’étendent et s’éparpillent sur plusieurs plateformes. 

2.1 LES COMPORTEMENTS QUI ONT CONDUIT À CETTE TENDANCE

DANS LA CULTURE : Comme le contenu dépend de moins en moins du contexte, les utilisateurs qui sont déjà au courant des différentes histoires et sous-cultures ont un avantage naturel. Avec les algorithmes qui mettent l’accent sur les intérêts communs, les fandoms deviennent des guides touristiques de facto, qui guident les gens le long des plateformes et entre elles.

SUR LES PLATEFORMES : Le succès de l’algorithme de TikTok, qui propose aux internautes un contenu purement basé sur leurs centres d’intérêt plutôt que sur leurs relations sociales, a provoqué un changement radical sur les plateformes. Notre expérience en ligne est moins guidée par les recommandations de nos pairs, ce qui nous laisse plus libres de nous déplacer d’une plateforme à l’autre, au-delà de celles peuplées par la famille et les amis.   

2.2 LES COMPORTEMENTS QUI CHANGENT AVEC CETTE TENDANCE

Les conversations en ligne ne se déroulent pas du début à la fin sur une seule plateforme. 

Il est devenu courant de passer d’une plateforme à une autre avec fluidité, comme lorsque des extraits de musique en vogue sur TikTok restent dans notre tête et nous conduisent sur Spotify à écouter la chanson et l’artiste.

Par exemple, la liste de lecture TikTok de Spotify comble le fossé entre les plateformes et compte plus de 1,2 million de likes.

La culture populaire d’aujourd’hui est la continuation d’une histoire préexistante.

Les histoires ne partent pas de zéro, elles commencent au milieu du récit. Nous le constatons à travers le boom des bébés Népo, qui recyclent et s’appuient sur l’histoire de leurs parents au lieu de repartir de zéro, et à travers la fâcheuse manie des franchises, où les suites et les reboots prennent une part plus importante du gâteau de la culture la plus rentable, malgré l’afflux de nouveaux créateurs. 

Par exemple, 9 des 10 titres de jeux vidéo les plus vendus en juillet 2022 sont issus de franchises.

Ou encore North West qui joue sur l’histoire de son père Kanye, lui fédérant son statut de bébé Népo.

La culture virale nécessite désormais des explications de fond pour en comprendre le sens

Décoder la culture virale est devenu un véritable passe-temps pour la génération Z. Nous le voyons via la croissance des vidéos explicatives sur TikTok ou encore des longs Tweets qui accompagnent les moments de la culture pop.

Par exemple, l’affaire du « SpitGate » – Harry Styles aurait craché sur l’acteur Chris Pine lors de la première du film Don’t Worry Darling à la Mostra de Venise – a donné lieu à des flux de contenus entiers consacrés au décryptage du pseudo événement, voire à son explication via des métaphores footballistiques

2.3 LE CHANGEMENT POUR LES MARQUES

Les internautes ne veulent plus que les marques leur fournissent passivement des récits simples et complets. Au contraire, ils sont de plus en plus satisfaits des annonceurs qui demandent aux utilisateurs de rassembler des éléments de sens – par le biais d’une connaissance de niche ou sous-culturelle. 

S’inspirer des LA Chargers – Les marques peuvent tisser des liens entre différents genres et fandoms pour un meilleur effet. Lorsque l’équipe de NFL Los Angeles Chargers a publié son calendrier de la saison, elle ne s’en est pas tenue à la culture sportive, mais a plutôt publié une annonce sur le thème de l’animé. La vidéo intègre de manière experte des récits tirés de séries animées populaires et comporte une tonne d’easter eggs subtils pour les fans de NFL avertis, leur permettant de décoder les tacles subtils contre les équipes adverses. 

S’inspirer de Pringles – Les marques peuvent utiliser des récits pour tisser ensemble le réel et le virtuel. Dans une récente activation de Pringles, les gens pouvaient « gagner un emploi » en tant que personnage non jouable – un « remplisseur de distributeur automatique » – dans Train Sim World 2. Les fans étaient invités à poster un selfie expliquant pourquoi ils seraient le candidat idéal. Pringles a ainsi permis aux participants de créer leur propre histoire pour leur personnage de distributeur automatique, tout en brouillant les frontières entre les plateformes (sur Instagram et dans Train Sim World 2) et les réalités.  

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3. CHASSEURS DE MARGINALITÉS

Sur les réseaux sociaux, ce qui est considéré comme authentique est en constante évolution.

Alors que le cynisme est devenu croissant, l’authenticité est un jeu de dupes – qui pousse les gens à se comporter de manière de plus en plus inhabituelle afin d’être considérés comme tel. L’expression de soi est poussée dans ses retranchements et se déplace vers les extrêmes : dans l’internet post-généralité, extrême équivaut désormais à crédible. À l’ère des extrêmes, tout type de personnalité en ligne – un post BeReal instantané et naturel ou un avatar numérique entièrement fabriqué – peut être authentique. Mais la solution intermédiaire – un selfie filtré – est une relique inauthentique d’une époque révolue.

3.1 LES COMPORTEMENTS QUI ONT CONDUIT À CETTE TENDANCE

DANS LA CULTURE : Dans tous les domaines – de la politique à l’économie, de la santé mentale à l’environnement – le sentiment général est que le monde traverse une période prolongée de turbulences.

SUR LES PLATEFORMES : Dans un paysage social axé sur la vidéo au format court, et où les créateurs n’ont qu’une toute petite fenêtre pour arrêter le scroll d’une personne, il est plus intéressant de créer un contenu en marge dès le départ. La bizarrerie permet de retenir l’attention. 

3.2 LES COMPORTEMENTS QUI CHANGENT AVEC CETTE TENDANCE

Les gens font un zoom sur une niche.

Plus votre intérêt est spécifique, plus il semble authentique. C’est ce qui explique la liste toujours plus longue des micro-communautés numériques (weirdcore, goblincore, bubblegum witch) et l’influence culturelle croissante de centres d’intérêt précis et bizarres.

Par exemple, les vidéos ASMR du chef Thomas Straker sur le barattage du beurre et la sphère TikTok de ButterTok.

Les gens poussent jusqu’aux limites.

Plus l’énergie est intense, plus elle semble authentique – d’où la généralisation du « chaos », des tons exagérés comme le « suburban sensationalism » ou l’adoration authentique pour Julia Fox qui se prélasse dans un bain de boue s’enduisant de boue sur ses paupières, au mépris des paparazzi. 

Cela explique aussi pourquoi des avatars numériques entièrement fabriqués sont considérés comme des expressions authentiques de l’identité – ils sont peut-être « faux », mais ils sont interprétés avec intensité et dévouement.

Les gens se sentent jugés pour avoir occupé le « juste milieu » plutôt que les extrêmes.

Le juste milieu est une terre brûlée – c’est pourquoi il n’y a pas de pire insulte sur TikTok que d’appeler quelqu’un « mid » (ce qui signifie : moyen). Face aux passionnés de trains, aux communautés de fans de K-Pop, aux fanatiques de pommes de terre et aux adeptes du weirdcore, les internautes dramatisent la banalité. 

Par exemple, « Cashstuffing » (où les TikTokers fracassent des bouteilles en verre contenant leurs économies) montre que même des actes banals comme la gestion d’un budget et l’épargne sont dramatisés et interprétés de manière extrême.

3.3 LE CHANGEMENT POUR LES MARQUES

Il existe d’innombrables façons d’incarner une énergie intense, allant de l’offensive à l’absurde, en passant par le chaotique et le contraste. Les marques peuvent s’en tenir à leurs valeurs fondamentales, mais chercher à savoir où ces types d’expérimentation ludique s’intègrent dans leur récit de marque.

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4. UNE REPRÉSENTATION COOPÉRATIVE

Le culte de l’individu a cédé la place à des communautés moins axées sur l’ego.

Des Discord animés, des subreddits qui se soutiennent, une sororité entretenue dans les commentaires de TikTok – en 2022, la vie sociale du web est florissante. Absente de tout cela ? La page de profil individuel. Avec moins d’auto-centralité et une communauté plus ouverte, la partie « sociale » des médias sociaux est en train de changer. L’individualité n’est plus de mise, du moins dans sa forme initiale. La préservation de l’identité, la représentation de soi, la hiérarchie et la recherche de statut sont doucement mises de côté pour faire plus de place à la construction d’une communauté efficace et à des formes de connexion ouvertes, dynamiques et beaucoup moins centrées sur l’individu. 

Cet espace « social » naissant est plus ouvert, plus communautaire, d’où l’essor des plateformes qui décentrent le profil individuel. La culture migre vers des plateformes qui optent pour les pseudonymes (comme Reddit, Discord et Twitch) et les avatars libres (comme sur Roblox ou autres métavers). Même TikTok, qui s’est construit sur le dos des créateurs, place les utilisateurs au second plan par rapport aux communautés et aux intérêts – nous suivons le FYP, pas l’utilisateur. 

4.1 LES COMPORTEMENTS QUI ONT CONDUIT À CETTE TENDANCE

DANS LA CULTURE : L’année dernière, notre Think Forward appelait à un paysage social plus conscient de lui-même. Ce cynisme à l’égard de la représentation de soi en ligne s’est accentué et a contribué à l’émergence d’une culture en ligne anonyme, un espace dépourvu de toute nécessité d’autoprésentation.

SUR LES PLATEFORMES : La prééminence de TikTok en tant que « plateforme de divertissement » autoproclamée – et non réseau social – fait évoluer les normes par rapport à l’expérience « sociale et médiatique » d’Instagram. Les gens s’appuient de plus en plus sur différentes plateformes pour leurs besoins sociaux et leur consommation de divertissement.

4.2 LES COMPORTEMENTS QUI CHANGENT AVEC CETTE TENDANCE

La page de profil n’a plus la cote

Les plateformes qui décentrent les pages de profil des créateurs (comme TikTok) ou s’appuient sur des pseudonymes (comme Reddit et Discord) se sont imposées et ont connu une croissance spectaculaire.

Par exemple, les dernières données annuelles pour Discord et Reddit montrent que les plateformes ont connu une croissance du nombre d’utilisateurs de 40 % (jusqu’à 140 millions) et de 16 % (jusqu’à 430 millions). Des subreddits comme r/antiwork et r/fuckcars se sont multipliés, leur pseudonymat permettant aux communautés d’opinion d’être totalement ouvertes sur leurs valeurs et leurs croyances.

Les utilisateurs co-écrivent du contenu 

Les internautes se tournent vers des plateformes qui permettent la création collective de contenu. Nous le constatons dans l’essor de Substack, où des journalistes de premier plan rejettent le modèle de newsletter descendant en faveur de fils d’abonnés anonymes et collaboratifs qui font office de salles de brainstorming permanentes, ainsi que dans les DAO, où les membres co-écrivent démocratiquement l’héritage de leur groupe.

Par exemple, la newsletter en plein essor d’Anne Helen Petersen sur la culture pop et la société américaine est célébrée pour son collectif d’auteurs et d’autrices. « Vous m’avez envoyé des conseils, vous avez interviewé vos enfants sur leurs jeux vidéo, vous avez suggéré puis fixé le programme de la rubrique de conseils financiers… vous avez donné à tout cela un sentiment de communauté. »

Les gens font les tendances de manière communautaire et non individuelle

Sauter sur une tendance signifiait autrefois donner une tournure individuelle à un mouvement plus large – une chanson, une danse ou une esthétique qui traverse la culture. Aujourd’hui, les tendances sont de plus en plus interprétées de manière communautaire plutôt qu’individuelle, ce qui signifie que l’objectif final est de faire partie de la foule, plutôt que d’être la voix la plus forte dans une conversation sur les tendances.   

Par exemple, Binley Mega Chippy est une tendance virale qui implique une mobilisation de masse collective et anonyme, plutôt que la mise en avant de voix individuelles. 

Ou encore, r/place est une toile collaborative réalisée pixel par pixel par 4,8 millions d’utilisateurs.

4.3 LE CHANGEMENT POUR LES MARQUES 

L’accent étant mis de plus en plus sur la communauté plutôt que sur l’individualité, les marques sont mieux accueillies lorsqu’elles agissent comme des connecteurs. Dans ce contexte, l’identité de la marque se construit de bas en haut, à travers le collectif, plutôt que de haut en bas, à travers la marque en tant que figure de proue.

S’inspirer d’Universal –Lorsque la dernière version des Minions a donné lieu à une « activation » perturbatrice de la part des fans, Universal a choisi de se délecter des plaisirs d’une campagne virale sans instigateur reconnu. Plutôt que de faire appel à des voix individuelles, #Gentleminions s’est appuyé sur une mobilisation de masse collective et anonyme, dans un exemple plus léger de la façon dont des moyens de connexion moins axés sur l’ego peuvent influencer l’action dans le monde réel. Alors que certains cinémas ont cherché à annuler des projections pour empêcher des groupes importants de visiteurs en tenue de soirée de causer des perturbations, le studio a fait preuve de bon sens en s’appuyant sur l’absurdité de la situation.

S’inspirer de Twitter Les marques peuvent réinventer les bases de la co-création de contenu par les communautés. Twitter a commencé à tester la fonction CoTweets, qui permet aux utilisateurs des États-Unis, du Canada et de la Corée de coécrire des messages. Cela signifie que des utilisateurs individuels, ou même des marques et des influenceurs, peuvent partager les responsabilités de création et d’édition d’un message donné, ce qui en fait un véritable effort de collaboration.

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5. DES IDENTITÉS MULTIPLES


Les mondes virtuels rendent l’identité en ligne plus flexible et plus étendue.

Alors que nous entrons dans un domaine social encore plus influencé par les réalités virtuelles et augmentées, cela ouvre de nouvelles voies pour l’expression de l’identité. C’est en partie pour cela que la capacité à se représenter dans des mondes virtuels – que ce soit avec précision, de manière ludique ou nuancée – est un point de contact culturel majeur, sans parler des enjeux business. Cette génération investit dans ses identités en ligne et dépensera 54 milliards de dollars en 2022 en biens numériques, notamment en skins, avatars et accessoires. 

Dans ce contexte, les marques traditionnelles et les créateurs s’emploient à mettre en place l’infrastructure nécessaire à une expression plus ouverte de soi dans les mondes en ligne.

5.1 LES COMPORTEMENTS QUI ONT CONDUIT À CETTE TENDANCE

DANS LA CULTURE : Les mondes virtuels ont donné aux jeunes générations l’idée de construire une meilleure réalité, voire utopique, à partir de rien. En tant que groupe hyper-attentif aux défauts du monde IRL, la génération Z construit des espaces numériques en se basant sur ses valeurs. 

SUR LES PLATEFORMES : Dans une course à la protection des flux de revenus qui dépendent des modèles publicitaires traditionnels, les grandes entreprises se lancent dans les technologies du Web3. La possibilité de s’exprimer en ligne sous une forme plus « humaine », qui favorise une connexion et une compréhension plus profondes, aura un impact important à mesure que nous continuerons à numériser nos vies. Des jeux comme Genies et Ready Player Me permettent de créer des avatars hyperréalistes. Genies peut être déployé avec la suite complète d’applications Meta, tandis que Ready Player Me est conçu pour être interopérable sur toutes les plateformes.

5.2 LES COMPORTEMENTS QUI CHANGENT AVEC CETTE TENDANCE

Les utilisateurs tentent de créer des mondes « diversifiés par conception ».

Les mondes virtuels représentent une nouvelle ardoise. Dans cette optique, les communautés sous-représentées tentent de devancer les problèmes d’inégalité du monde réel dans le métavers, avant qu’ils ne s’enracinent. La représentation est au centre des préoccupations, la population essayant de créer une présence équitable dès le départ.

Par exemple, inspiré par la mauvaise représentation des cheveux noirs dans les jeux vidéo, le professeur A.M. Darke créé l’Open Source Afro Hair Library, une base de données de coiffures noires modélisées en 3D qui peuvent être utilisées dans toute une série de jeux, d’animations et d’autres programmes numériques.

Les fans s’approprient l’identité de leurs idoles.

En Asie, les fans de VTubers (Virtual YouTubers) font passer les fandoms à un niveau supérieur. Pour exprimer leur amour pour leurs influenceurs préférés, les fans utilisent des imitations réalistes créées par des générateurs d’art IA (comme DALL-E) pour reprendre l’identité de leurs idoles – et utilisent cette proximité pour créer des fanfictions encore plus intimes. 

Par exemple, les stars Eg.Hololive, Gawr Gura, Takanashi Kiara et Mori Calliop, ont vu leurs fans recréer leur identité.

Les jeunes apportent en ligne ce qui les définit – et en profitent.

Avec l’aide des marques, les mondes virtuels sont devenus des lieux où les jeunes créateurs peuvent partager leurs passions IRL, leur esthétique et les causes qui leur tiennent à cœur – et gagner de l’argent par la même occasion. Qu’il s’agisse du lancement de magasins Depop axés sur le développement durable dans Les Sims ou de la prise en charge par les enfants de leur propre publicité dans Roblox, la frontière entre « producteur » et « consommateur » s’estompe rapidement. 

Par exemple, les enfants créent leurs propres utopies publicitaires sur Roblox, avec des publicités bizarres, enfantines, mimétiques et hyperlittérales.

5.3 LE CHANGEMENT POUR LES MARQUES

Alors que les internautes s’aventurent dans de nouveaux mondes virtuels, ils attendent des marques qu’elles soutiennent une expression de soi plus souple et plus élaborée dans ces espaces. Les marques doivent réfléchir de manière créative à la façon d’aider les gens à transmettre et à développer leur identité, que ce soit en les aidant à donner l’image la plus fidèle possible d’eux-mêmes ou en réinterprétant de manière créative la définition même de l’identité. 

S’inspirer d’adidas – Les marques peuvent sortir des sentiers battus et réfléchir à la manière dont les avatars peuvent véhiculer une identité personnelle. C’est ce qu’a fait adidas avec sa plateforme Originals’ Ozworld, où les utilisateurs ont répondu à des questions sur leur personnalité et ont reçu des avatars sur mesure qui incarnent leur identité psychologique plutôt que leurs traits physiques. 

S’inspirer de Bakeup – Bakeup est une marque de beauté axée sur le métavers. Elle conçoit ses produits pour qu’ils fonctionnent dans plusieurs mondes : ses voiles en strass peuvent être portés dans la vie réelle, mais sont accompagnés d’un filtre AR pour les réseaux sociaux, ainsi que d’une version NFT qui peut être portée, collectée, échangée et vendue dans le métavers. Ce faisant, la marque crée une ligne de démarcation entre les nombreux moi d’une personne – son moi IRL, son moi sur les réseaux sociaux et son moi dans les mondes virtuels – cimentant le sentiment que nos moi numériques ne sont pas seulement réels et valides, mais intimement liés à ce que nous sommes hors ligne. 

Notre rapport annuel Think Forward 2023 : Fragmented Futures est disponible dans son intégralité ici (en anglais).